History of the Peloponnesian War

Thucydides

Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése, Vol. 1-2. Zévort, Marie Charles, translator. Paris: Charpentier, 1852.

XXVII. Lorsque la trêve de cinquante ans et plus tard l’alliance eurent été conclues, les députés du Péloponnèse venus à Lacédémone pour cet objet se retirèrent. Mais les Corinthiens, au lieu de rentrer chez eux, comme tous les autres, se dirigèrent d’abord vers Argos, et s’abouchèrent avec quelques-uns des magistrats du pays. Ils leur représentèrent que ce n’était point dans l’intérêt, mais pour l’asservissement du Péloponnèse, que les Lacédémoniens avaient fait la paix et contracté alliance avec les Athéniens, leurs plus grands ennemis, jusque-là; qu’il appartenait dès lors aux Argiens d’aviser au salut du Péloponnèse, et de décréter qu’il serait loisible à toute ville grecque qui le voudrait, pourvu qu’elle fût autonome[*](Le mot autonome est pris ici dans sou sens le plus large; il s’agit des villes complètement indépendantes, libres de toute sujétion et de tout tribut.) et accordât [*](1 Le mot autonome est pris ici dans sou sens le plus large; il s’agit des villes complètement indépendantes, libres de toute sujétion et de tout tribut.)

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la justice égale et réciproque[*](Cette réciprocité était l’objet de l’ambition de tous les petits États; ils demandaient qu’entre eux et les citoyens des puissances prépondérantes, il y eût égalité parfaite, et que la justice fût rendue d’après les mêmes principes de part et d’autre.), de contracter alliance avec les Argiens, pour la défense mutuelle du territoire; qu’il fallait choisir un petit nombre de citoyens investis de pleins pouvoirs et ne pas conférer devant la multitude, afin de ne pas mettre en évidence ceux dont le peuple pourait repousser les avances[*](C’eût été les compromettre aux yeux des Lacédémoniens.-). Ils ajoutaient que beaucoup de villes adhéreraient, enhaine des Lacédémoniens, Après ces ouvertures, les Corinthiens rentrèrent chez eux.

XXVIII. Ceux des Argiens qui avaient reçu ces propositions les ayant rapportées aux magistrats et au peuple, les Argiens les décrétèrent, et choisirent douze citoyens autorisés à contracter alliance avec tous ceux des Grecs qui le voudraient, excepté les Athéniens et les Lacédémoniens, avec lesquels il ne pourrait être traité sans la participation du peuple. Ces mesures furent accueillies avec d’autant plus de faveur par les Argiens, qu’ils se voyaient sur le point d’entrer en guerre avec les Lacédémoniens, le traité avec eux touchant à sa fin. Ils aspiraient, d’ailleurs, à la suprématie dans le Péloponnèse; car Lacédémone était extrêmement décriée, à cette époque; ses revers l’avaient déconsidérée[*](Le désastre de Sphactérie, l’occupation de Pylos et de Cythère, etc.). Les Argiens, au contraire, étaient dans une situation florissante à tous égards : restés en de- [*](1 Cette réciprocité était l’objet de l’ambition de tous les petits États; ils demandaient qu’entre eux et les citoyens des puissances prépondérantes, il y eût égalité parfaite, et que la justice fût rendue d’après les mêmes principes de part et d’autre.) [*](8 C’eût été les compromettre aux yeux des Lacédémoniens.-) [*](3 Le désastre de Sphactérie, l’occupation de Pylos et de Cythère, etc.)

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hors de la guerre avec Athènes, en paix avec les deux peuples, ils avaient recueilli les fruits de cette situation. Ce fut ainsi que les Argiens admirent à leur alliance tous ceux des Grecs qui voulurent y entrer.

XXIX. Les Mantinéens et leurs alliés s’y rangèrent les premiers, par crainte des Lacédémoniens : ils avaient réduit sous leur obéissance une partie del’Arcadie, pendant que durait encore la guerre contre les Athéniens, et ils pensaient bien que les Lacédémoniens, maintenant tranquilles d’ailleurs, ne manqueraient pas de leur contester cette conquête. Ils se tournèrent donc avec joie vers les Argiens; car ils voyaient en eux un grand peuple, toujours ennemi des Lacédémoniens, et soumis, comme eux-mêmes, au gouvernement démocratique. Une fois la défection des Mantinéens déclarée, le reste du Péloponnèse murmura qu’il fallait les imiter : on pensait que, pour changer ainsi leurs alliances, il fallait qu’ils fussent mieux renseignés que les autres; on était d’ailleurs profondément irrité contre les Lacédémoniens; on leur reprochait, entre autres choses, la clause par laquelle les Lacédémoniens et les Athéniens se réservaient le droit de faire, sans violer leur serment, toute addition, tout retranchement mutuellement consenti par les deux peuples. Cette clause surtout inquiétait les Péloponnésiens; elle leur faisait craindre que les Lacédémoniens, d’accord avec les Athéniens, ne voulussent les asservir; car, autrement, il eût été juste d’attribuer le même droit de modification à tous les alliés. Aussi, sans qu’il y eût concert entre eux, beaucoup, sous le coup de ces inquiétudes, se tournèrent avec un égal empressement vers l’alliance d’Argos.

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XXX. Les Lacédémoniens, sachant que le Péloponnèse était en proie à cette agitation, que le signal en était parti des Corinthiens, et que ceux-ci se disposaient eux-mêmes à traiter avec Argos, leur envoyèrent des députés afin de tâcher de prévenir cet événement. Ils les accusaient d’avoir organisé tout ce trouble et d’être sur le point d’abandonner leur alliance pour celle d’Argos. Ils ajoutaient que ce serait là une violation de leurs serments, qu’ils étaient même déjà coupables de n’avoir pas adhéré à la paix avec les Athéniens, lorsqu’il était formellement stipulé[*](Dans les traités antérieurs entre les peuples du Péloponnèse.) que les décisions prises par la majorité des alliés sortiraient leur entier effet, à moins d’empêchement de la part des dieux et des héros[*](Cette formule, insérée dans la plupart des traités, était une porte ouverte à la mauvaise foi, et pouvait se traduire ainsi dans la pratique : à moins que l’une des parties ne se croie intéressée à rompre le traité.)! Les Corinthiens répondirent aux Lacédémoniens en présence de tous ceux des alliés qui n’avaient pas adhéré au traité, car ils les avaient convoqués précédemment. Ils ne se prévalurent pas des griefs qui leur étaient personnels; ils ne parlèrent ni de Sollion[*](Voyez liv. n, 30.) qui ne leur avait pas été restituée par les Athéniens, ni d’Anactorion[*](Les Athéniens avaient pris Anactorion par trahison; iv, 49.), ni d’aucun des points sur lesquels ils se croyaient lésés; ils affectèrent à dessein d’alléguer pour unique motif qu’ils ne pouvaient trahir les peuples de l’Épithrace, avec lesquels ils s’étaient engagés par serments, en leur propre nom, aussitôt après leur défection avec les [*](1 Dans les traités antérieurs entre les peuples du Péloponnèse.) [*](2 Cette formule, insérée dans la plupart des traités, était une porte ouverte à la mauvaise foi, et pouvait se traduire ainsi dans la pratique : à moins que l’une des parties ne se croie intéressée à rompre le traité.) [*](8 Voyez liv. n, 30.) [*](* Les Athéniens avaient pris Anactorion par trahison; iv, 49.)

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Potidéates, serments renouvelés depuis[*](Lorsque tous les alliés de Lacédéinone avaient contracté alliance avec les villes grecques de la Chalcidiqne soumises par Brasidas.). Ils ne manquaient donc pas, disaient-ils, à leurs serments comme membres de la ligue, en refusant d’entrer dans le traité avec Athènes; car, ayant pris les dieux à témoin de leurs engagements avec les villes de Thrace, ils seraient parjures s’ils les trahissaient. Qu’il était stipulé dans les traités : « A moins d’empêchement de la part des dieux et des héros; » et que le motif qu’ils invoquaient[*](Leur alliance antérieure avec les Grecs de Thrace.) leur paraissait un empêchement divin. Telle fut leur réponse au sujet des anciens serments. Quant à l’alliance avec Argos, ils dirent qu’ils se consulteraient avec leurs amis, et feraient ce qui serait juste. Les députés lacédémoniens se retirèrent. Il se trouvait aussi à Corinthe, en ce moment, des députés d’Argos qui invitèrent les Corinthiens à entrer sans différer dans leur alliance. Les Corinthiens les engagèrent à venir au prochain congrès qui se tiendrait chez eux.

XXXI. Aussitôt après arrivèrent des ambassadeurs d’Élée, qui contractèrent alliance avec les Corinthiens, puis se rendirent à Argos et firent alliance avec les Argiens sur les bases décrétées[*](Décrétées à Argos, sur la proposition dps Corinthiens.). Ils étaient en différend avec les Lacédémoniens au sujet de Lépréon : les Lépréates ayant eu autrefois une guerre à soutenir contre quelques Arcadiens, avaient sollicité l’alliance des Éléens, en leur offrant la moitié de leur territoire; les Éléens avaient mis fin à la guerre et laissé aux Lépréates la jouissance de leur pays, moyennant une of- [*](1 Lorsque tous les alliés de Lacédéinone avaient contracté alliance avec les villes grecques de la Chalcidiqne soumises par Brasidas.) [*](* Leur alliance antérieure avec les Grecs de Thrace.) [*](3 Décrétées à Argos, sur la proposition dps Corinthiens.)

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frande annuelle d’un talent à Jupiter Olympien[*](C’était moins un tribut qu’un aveu de dépendance de la part du peuple vaincu : de là l’intérêt qu’il croyait avoir à s’y soustraire.). Jusqu’à la guerre de l’Attique, ils payèrent ce tribut; mais ils cessèrent ensuite, sous prétexte de la guerre, et, les Éléens ayant voulu les contraindre, ils se tournèrent vers les Lacédémoniens, auxquels fut remis l’arbitrage. Les Éléens, soupçonnant qu’ils n’obtiendraient pas justice, déclinèrent l’arbitrage et ravagèrent le territoire des Lépréates. Les Lacédémoniens n’en prononcèrent pas moins que les Lépréates étaient autonomes, et donnèrent tort aux Éléens; puis, sous prétexte que ceux-ci avaient décliné l’arbitrage, ils envoyèrent une garnison d’hoplites à Lépréon. Les Éléens prétendirent alors que les Lacédémoniens accueillaient dans sa défection une ville de leur dépendance; ils invoquèrent l’article par lequel il était stipulé que chacun garderait à la fin de la guerre d’Attique ce qu’il possédait au moment où il y était entré; se croyant lésés, ils rompirent avec les Lacédémoniens et firent alliance, eux aussi, avec les Argiens, sur les bases précédemment décrétées. Aussitôt après, les Corinthiens et les Chalcidiens de l’Épithrace entrèrent aussi dans l’alliance d’Argos. Les Béotiens et les Mégariens, quoique formulant les mêmes plaintes[*](Contre les Lacédémoniens.), se tinrent cependant à l’écart : ils étaient traités avec égards par les Lacédémoniens et pensaient que le gouvernement démocratique d’Argos leur était moins favorable, avec leur constitution oligarchique, que celui de Lacédémone.

XXXII. Vers la même époque de cet été, les Athé- [*](1 C’était moins un tribut qu’un aveu de dépendance de la part du peuple vaincu : de là l’intérêt qu’il croyait avoir à s’y soustraire.) [*](* Contre les Lacédémoniens.)

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niens réduisirent les Scioniens assiégés; ils tuèrent tout ce qui avait âge d’homme, réduisirent en esclavage les enfants et les femmes, et donnèrent aux Platéens la jouissance du territoire. D’un autre côté, la pensée des tristes vicissitudes de la guerre et un oracle du dieu de Delphes les décidèrent à rétablir les Déliens dans leur île.

La lutte commença entre les Phocéens et les Locriens.

Les Corinthiens et les Argiens, dès lors alliés, envoyèrent à Tégée pour la détacher des Lacédémoniens : ils pensaient qu’en se l’attachant ils auraient avec eux tout le Péloponnèse dont elle était une portion importante. Mais les Tégéates répondirent qu’ils n’entreprendraient rien contre Lacédémone; aussi les Corinthiens, qui jusqu’alors avaient agi avec beaucoup de vivacité, se relâchèrent-ils de leur animosité, dans la crainte qu’aucune des autres villes ne se joignît plus à eux. Cependant ils envoyèrent chez les Béotiens, pour les engager à entrer dans leur alliance et dans celle des Argiens, et à agir en tout de concert avec eux. Ils les prièrent aussi de les accompagner à Athènes et de faire étendre à Corinthe la trêve supplémentaire de dix jours conclue entre les Athéniens et les Béotiens peu de temps après le traité de cinquante ans. Dans le cas où les Athéniens refuseraient, ils voulaient que les Béotiens renonçassent à l’armistice, pour s’engager à ne traiter désormais que d’accord avec eux. A ces propositions des Corinthiens, les Béotiens demandèrent du temps pour se déterminer sur l’alliance d’Argos : ils accompagnèrent les Corinthiens à Athènes; mais ne purent leur obtenir la trêve de dix jours. Les Athéniens répondirent que les Corinthiens étaient compris dans

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le traité, à titre d’alliés de Lacédémone. Les Béotiens, du reste, ne renoncèrent pas à la trêve de dix jours, malgré les reproches des Corinthiens et leurs instances pour la conclusion d’une alliance. Il y eut néanmoins armistice entre Corinthe et Athènes, mais sans traité.

XXXIII. Le même été, les Lacédémoniens, sous la conduite de Plistoanax, fils de Pausanias, roi de Lacédémone, se portèrent en masse en Arcadie sur le territoire des Parrhasiens, sujets de Mantinée. Appelés par une des factions qui agitaient alors le pays, ils avaient en outre pour but de détruire, s’il était possible, les murailles de Cypsèles. Cette place fortifiée par les Mantinéens, qui y tenaient garnison, était située dans le pays des Parrhasiens, près de la Sciritide en Laconie. Les Lacédémoniens ravagèrent le territoire des Parrhasiens. Les Mantinéens confièrent la défense de leur ville à une garnison argienne[*](Afin de se porter en masse à la défense de la Parrhasie.), et allèrent eux-mêmes garder leurs alliés; mais, dans l’impossibilité de sauver la forteresse de Cypsèles et les villes des Parrhasiens, ils se retirèrent. Les Lacédémoniens rendirent l’indépendance aux Parrhasiens, démolirent les fortifications, et rentrèrent chez eux.

XXXIV. Le même été, lorsque les troupes qui étaient parties avec Brasidas revinrent de Thrace, ramenées par Cléaridas, après la trêve, les Lacédémoniens décrétèrent pour les Hilotes qui avaient combattu avec Bradisas la liberté, et le droit d’habiter où ils voudraient; peu après, lorsque la guerre eut éclaté avec les Éléens, ils les établirent avec les Néodamodes[*](On ne connaît pas exactement la situation civile et politique des Néodamodes; c'étaient des affranchis, mais distincts des Hilotes auxquels on rendait la liberté pour prix de leurs services militaires. Ils ne jouissaient pas de tous les droits civils.) [*](1 Afin de se porter en masse à la défense de la Parrhasie.) [*](s On ne connaît pas exactement la situation civile et politique des Néodamodes; c'étaient des affranchis, mais distincts des Hilotes auxquels on rendait la liberté pour prix de leurs services militaires. Ils ne jouissaient pas de tous les droits civils.)

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à Lépréon, sur les confins de la Laconie et de l’Élide. Quant à leurs prisonniers de l’île, qui avaient posé les armes, ils craignirent qu’ils ne se crussent déchus, par suite de leur malheur, et ne tentassent dès lors quelque révolution, s’ils conservaient l’entière jouissance de leurs droits. Ils les frappèrent donc d’incapacité, quoique déjà quelques-uns fussent dans les charges : cette incapacité les rendait inhabiles à commander, à acheter et à vendre. Plus tard ces droits leur furent rendus.

XXXV. Le même été les Diens prirent Thyssos, ville de l’Athos, alliée d’Athènes. Pendant tout cet été, il y eut commerce réciproque entre les Athéniens et les Péloponnésiens. Cependant, à peine la paix conclue, il s’était élevé entre les Athéniens et les Lacédémoniens des défiances mutuelles, fondées sur ce que ni les uns ni les autres ne restituaient les places. Les Lacédémoniens, désignés par le sort pour commencer les restitutions, ne rendaient ni Amphipolis ni les autres villes; ils n'avaient procuré l’adhésion au traité, ni de leurs alliés' de l’Épithrace, ni des Béotiens, ni des Corinthiens, quoiqu’ils promissent sans cesse de les contraindre d’accord avec les Athéniens, s’ils refusaient, et qu'ils eussent fixé, mais sans garantie écrite, une époque où tous ceux qui n’auraient pas accédé seraient ennemis des deux peuples. Les Athéniens, voyant qu’en réalité aucun de ces engagements n’aboutissait, soupçonnèrent les Lacédémoniens de n’avoir que de mauvais desseins, et refusèrent de leur restituer Pylos,

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malgré leurs réclamations. Ils regrettaient même d’avoir rendu les prisonniers de l’île, et gardaient les autres places, en attendant que les Lacédémoniens eussent rempli leurs promesses. Les Lacédémoniens prétendaient avoir fait tout ce qu’ils pouvaient : ils avaient rendu les prisonniers athéniens qui étaient entre leurs mains, retiré leurs soldats de l’Épithrace et fait tout ce qui dépendait d’eux personnellement : quant à Amphipolis, ils n’en étaient pas maîtres, disaient-ils, pour la rendre; ils feraient tous leurs efforts pour obtenir l’adhésion des Béotiens et des Corinthiens au traité, pour faire restituer Panacton et mettre en liberté les Athéniens prisonniers en Béotie; mais ils demandaient, de leur côté, la restitution de Pylos, ou tout au moins le rappel des Messéniens et des Hilotes, comme eux-mêmes avaient rappelé leurs soldats de Thrace, consentant à ce que les Athéniens missent personnellement garnison dans la place, s’ils le voulaient. Enfin, à force de négociations et de conférences, dans le cours de cet été, ils amenèrent les Athéniens à retirer de Pylos les Messéniens, les autres Hilotes et tous les transfuges de Laconie. Ils furent établis à Cranies, ville de Céphallénie. Ainsi il y eut, durant cet été, repos et liberté de communications entre les deux peuples.

XXXVI. L’hiver suivant[*](421 avant notre ère, quatrième année de la qualre-vingt-ncnviômo olympiade.), il se trouva que les éphores en charge n’étaient plus ceux sous lesquels avait été conclu le traité; quelques-uns d’entre eux y étaient même opposés. Des députations des pays alliés vinrent à [*](1 421 avant notre ère, quatrième année de la qualre-vingt-ncnviômo olympiade.)

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Lacédémone, et s’y rencontrèrent avec des ambassadeurs d’Athènes, de la Béotie et de Corinthe : de nombreuses conférences eurent lieu entre eux, mais sans amener aucun accord. Comme ils se retiraient, Cléobule et Xenarès, ceux des éphores qui étaient le plus prononcés pour la rupture du traité, prirent à part les députés béotiens et corinthiens; ils leur demandèrent de marcher d’accord autant que possible; puis d’amener les Béotiens, d’abord, à entrer dans l’alliance d’Argos, et ensuite à entraîner avec eux les Argiens dans celle de Lacédémone. C’était pour les Béotiens le meilleur moyen, disaient-ils, de ne pas subir les traités athéniens; car les Lacédémoniens désiraient par-dessus tout, même au prix de la haine des Athéniens et de la rupture des traités, l’amitié et l’alliance des Argiens; en effet, ajoutaient-ils, les Lacédémoniens ont de tout temps désiré une amitié avec Argos, persuadés qu’alors ils seraient dans de meilleures conditions pour faire la guerre hors du Péloponnèse. Du reste ils prièrent les Béotiens de remettre Panacton aux Lacédémoniens, afin de l’échanger, s’il était possible, contre Pylos, dont la restitution leur faciliterait la guerre avec Athènes.

XXXVII. Les Béotiens et les Corinthiens se retirèrent chargés de ces communications pour leurs gouvernements respectifs par Xenarès, Cléobule et tous ceux des Lacédémoniens qui partageaient leurs vues. Deux Argiens, des principaux en dignité, les guettaient sur la route, à leur retour : les ayant rencontrés, ils se mirent en rapport avec eux, dans le but de rattacher les Béotiens à leur alliance, comme ils l’avaient fait pour les Corinthiens, les Éléens et les Mantinéens. Ils

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étaient persuadés, disaient-ils, que, si ce projet aboutissait, il leur serait dès lors facile, en se concertant, de faire à leur gré la guerre et la paix, même avec les Lacédémoniens, et avec tout autre peuple, s’il le fallait. Les ambassadeurs des Béotiens accueillirent avec empressement ces ouvertures; car ce qu’on leur demandait se trouvait précisément d’accord avec les propositions dont les avaient chargés leurs amis de Lacédémone. Les Argiens, voyant leurs avances accueillies, dirent qu’ils enverraient des ambassadeurs en Béotie, et se retirèrent. Les Béotiens, à leur arrivée, communiquèrent aux Béotarques les ouvertures qui leur avaient été faités à Lacédémone, et celles des Argiens qu’ils avaient rencontrés : les Béotarques reçurent avec joie ces nouvelles; toute indécision cessa lorsqu’ils virent que, par une heureuse coïncidence, leurs amis de Lacédémone leur demandaient précisément ce qui était l’objet des avances empressées d’Argos. Peu après arrivèrent les ambassadeurs argiens chargés de les inviter à suivre le plan convenu. Les Béotarques agréèrent leurs propositions et les congédièrent avec la promesse d’envoyer à Argos’ des députés pour traiter de l’alliance.

XXXVIII. Cependant les Béotarques, les Corinthiens, les Mégariens et les députés de la Thrace jugèrent à propos de s’engager d’abord par des serments mutuels à s’entr’aider dans l’occurrence, et à ne faire ni la guerre ni la paix avec qui que ce fût que d’un commun accord. Ces réserves stipulées, les Béotiens et les Mégariens, qui faisaient cause commune, devaient ensuite traiter avec les Argiens. Avant de prêter le serment, les Béotarques firent part de ce projet aux quatre conseils

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de la Béotie, en qui résident tous les pouvoirs, et demandèrent qu’on se liât par serment avec toutes les villes qui voudraient prendre le même engagement avec eux pour la défense commune. Mais les conseils des Béotiens repoussèrent ces propositions, dans la crainte de se mettre en opposition avec les Lacédémoniens, en s’unissant aux Corinthiens qui avaient rompu avec eux[*](En s’alliant avec les Argiens.). Car les Béotarques ne leur avaient pas communiqué ce qui s’était passé à Lacédémone, à savoir l’invitation faite par les éphores Xenarès et Cléobule, ainsi que par leurs amis, de s’allier d’abord avec les Argiens et les Corinthiens, pour entrer ensuite dans l’alliance de Lacédémone : ils avaient pensé que, même sans cette déclaration, les conseils voteraient, sur leur proposition, tout ce qu’ils auraient arrêté d’avance. L’affaire ayant pris un tour différent, les Corinthiens et les députés de la Thrace s’en allèrent sans avoir rien fait. Les Béotarques, qui précédemment étaient résolus, s’ils avaient réussi sur ce point, à travailler à une alliance avec les Argiens, ne firent dès lors aucune proposition aux conseils relativement à Argos, et n’envoyèrent pasdans cette ville les députés qu’ils avaient promis : tout languit et fut ajourné.

XXXIX. Le même hiver, les Olynthiens emportèrent d’emblée Mécyberna, défendue par une garnison athénienne.

Les conférences continuaient entre les Athéniens et les Lacédémoniens, au sujet des places qu’ils retenaient réciproquement. Les Lacédémoniens, espérant recouvrer Pylos, si les Béotiens rendaient Panacton aux [*](1 En s’alliant avec les Argiens.)

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Athéniens, envoyèrent des ambassadeurs aux Béotiens, avec prière de leur remettre Panacton et les prisonniers athéniens, pour les échanger contre Pylos. Mais les Béotiens déclarèrent qu’ils ne les rendraient pas que Lacédémone ne fit avec eux une alliance particulière, comme elle avait fait avec les Athéniens. Les Lacédémoniens sentaient bien qu’ils allaient blesser les Athéniens, puisqu’il était stipulé entre eux qu’ils ne feraient ni paix ni guerre avec personne que d’un commun accord : mais ils voulaient se faire livrer Panacton comme moyen d’échange contre Pylos. D’un autre côté, ceux qui chez eux travaillaient à la rupture de la trêve avaient fort à coeur ces négociations avec les Béotiens; l’alliance fut donc conclue, sur la fin de l’hiver, aux approches du printemps. On commença aussitôt à démanteler Panacton[*](Les Béotiens démolirent les fortifications, afin de n’avoir rien à craindre lorsqu’ils la rendraient aux Athéniens.)

Ici finit la onzième année de la guerre.

XL. L’été suivant, dès le commencement du printemps, les Argiens, ne voyant pas arriver les députés que les Béotiens avaient promis de leur envoyer, informés d’ailleurs de la destruction de Panacton et de l’alliance particulière intervenue entre les Béotiens et les Lacédémoniens, craignirent de se trouver isolés, si tous les alliés venaient à se tourner du côté de Lacédémone; ils supposaient que c’était Lacédémone qui avait engagé les Béotiens à raser Panacton et à entrer dans l’alliance d’Athènes; que les Athéniens en étaient instruits; que dès lors il ne leur était plus possible, à eux-mêmes, de s’allier avec Athènes. Car ils avaient compté jusque-là que, si leur traité avec les Lacédémoniens ne pouvait [*](1 Les Béotiens démolirent les fortifications, afin de n’avoir rien à craindre lorsqu’ils la rendraient aux Athéniens.)

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pas tenir, par suite de leurs différends, ils pourraient du moins contracter alliance avec les Athéniens. Ainsi pris au dépourvu, les Argiens craignaient d’avoir à lutter en même temps contre les Lacédémoniens, les Tégéates, les Béotiens et les Athéniens. Eux qui précédemment avaient refusé d’accéder au traité des Lacédémoniens, qui avaient porté leurs prétentions jusqu'au commandement du Péloponnèse, ils envoyèrent en toute hâte à Lacédémone les ambassadeurs qu’ils croyaient y devoir être le mieux accueillis, Eustrophos et Eson. Ils pensaient qu’en faisant alliance avec les Lacédémoniens, aux meilleures conditions possibles dans les circonstances actuelles, ils auraient la tranquillité, quoi qu’il arrivât.

XLI. Les députés, à leur arrivée, entrèrent en conférences avec les Lacédémoniens sur les bases du traité : tout d’abord ils demandèrent qu’on remît à l’arbitrage soit d’une ville, soit d’un particulier, leur éternel différend au sujet de la Cynurie, pays limitrophe entre eux (elle renferme les villes de Thyréa et d'Anthéné, et est au pouvoir des Lacédémoniens). Les Lacédémoniens ne voulurent même pas qu’il fût fait mention de cette contrée; mais ils se déclarèrent prêts à traiter sur les anciennes bases, si les Argiens le voulaient. Cependant les ambassadeurs les amenèrent aux conditions suivantes; il y aurait pour le présent une trêve de cinquante ans; mais chacune des deux parties pourrait, après déclaration préalable, et sauf le cas de peste ou de guerre, soit à Lacédémone, soit à Argos, prendre les armes pour la possession de cette contrée, comme cela avait eu lieu autrefois lorsque de part et d’autre on s’était attribué la victoire; la poursuite ne pourrait

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avoir lieu au delà des frontières d’Argos et de Lacédémone. Ces propositions parurent d’abord insensées aux Lacédémoniens; mais ensuite le désir de se concilier à tout prix l’amitié des Argiens leur fit donner les mains à ce qu’on demandait, et le traité fut rédigé; toutefois les Lacédémoniens exigèrent, avant qu’il devînt définitif, que les députés retournassent à Argos le présenter au peuple; s’il était approuvé, ils devaient revenir aux fêtes d’Hyacinthe pour l’échange des serments. Les ambassadeurs se retirèrent.

XLII. Pendant ces négociations des Àrgiens, les ambassadeurs lacédémoniens Andromèdes, Phédimos et Antiménidas, chargés de recevoir Panacton et les prisonniers des mains des Béotiens pour les remettre aux Athéniens, trouvèrent Panacton rasée par les Béotiens. Ceux-ci prétextaient qu’à la suite de différends au sujet de cette même place, il avait autrefois été convenu, sous la foi du serment, entre les Athéniens et les Béotiens, que ni les uns ni les autres ne la posséderaient exclusivement et qu’ils en jouiraient en commun. Quant aux prisonniers athéniens au pouvoir des Béotiens, remise en fut faite à Andromèdes et à ses collègues, qui les conduisirent à Athènes et les rendirent. Ils annoncèrent aux Athéniens que Panacton était rasée, et prétendirent que cela équivalait à la remise de la place, puisqu’il n’y logerait plus aucun ennemi d’Athènes. A ces paroles, les Athéniens firent éclater leur indignation : ils faisaient un crime aux Lacédémoniens de la destruction de Panacton, qui devait leur être remise en bon état; ils avaient appris en outre leur alliance particulière avec les Béotiens, contrairement à l’engagement qu’ils avaient pris anté-

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rieurement de contraindre de concert ceux qui n’accepteraient pas le traité; enfin ils se remémoraient toutes les stipulations dont l’exécution se faisait encore attendre, et se croyaient joués. Aussi répondirentils durement aux ambassadeurs, et ils les congédièrent.

XLIII. Au milieu de ces contestations entre les Lacédémoniens et les Athéniens, ceux qui, à Athènes, voulaient aussi la rupture du traité, se mirent aussitôt à l’oeuvre avec ardeur; c’était, entre autres, Alcibiade, fils de Clinias, qui, à cette époque, n’eût encore été qu’un jeune homme dans toute autre ville[*](11 avait environ trente ans. Dans la plupart des États delà Grèce, en particulier chez les Achéens et les Lacédétnoniens, on n’avait droit de suffrage qu’à trente ans.), mais à qui l’illustration de ses ancêtres[*](Son aïeul Alcibiade avait contribué avec Clisthènes à l’expulsion des Pisistratides; son père Clinias avait obtenu le prix de la aleur à Artémisium et était mort à Goronée.) avait valu une grande considération. Il pensait, sans doute, que le mieux était de s’unir aux Argiens; mais, en dehors même de ce motif, les révoltes de l'orgueil blessé l’avaient rendu hostile aux Lacédémoniens : ceux-ci, en effet, avaient conclu la trêve à la considération de Nicias et de Lâchés, sans tenir aucun compte de lui, à cause de sa jeunesse; ils ne lui avaient pas témoigné les égards que commandait le titre de proxène des Lacédémoniens, depuis longtemps dans sa famille. Son aïeul, il est vrai, y avait renoncé; mais Alcibiade avait espéré le faire revivre par ses attentions pour les prisonniers de l’île. Croyant qu'on lui avait manqué à tous égards, il avait dès l’origine manifesté son opposition, en disant que les Lacédémoniens n’étaient pas sûrs, qu’ils ne trai- [*](1 11 avait environ trente ans. Dans la plupart des États delà Grèce, en particulier chez les Achéens et les Lacédétnoniens, on n’avait droit de suffrage qu’à trente ans.) [*](* Son aïeul Alcibiade avait contribué avec Clisthènes à l’expulsion des Pisistratides; son père Clinias avait obtenu le prix de la aleur à Artémisium et était mort à Goronée.)

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taient que pour, écraser les Argiens, à la faveur de cette alliance, et pour attaquer ensuite les Athéniens isolés. Puis, une fois ce démêlé engagé, il s’empressa d’envoyer, en son propre nom, des émissaires aux Argiens, pour les engager à venir en toute hâte, avec les Mantinéens et les Éléens, réclamer l’alliance. Le moment était opportun, disait-il, et il leur apporterait un énergique concours.

XLIV. Sur cet avis, les Argiens, informés d'ailleurs que l’alliance avec les Béotiens avait eu lieu sans la participation des Athéniens, que, tout au contraire, de graves contestations s’étaient élevées entre eux et les Lacédémoniens, ne s’inquiétèrent plus des ambassadeurs qu’ils avaient envoyés négocier un accommodement à Lacédémone. Ils aimaient mieux tourner leurs pensées du côté des Athéniens, par cette considération que, s’ils avaient à faire la guerre, ils seraient soutenus par une ville avec laquelle ils avaient d’anciennes relations d’amitié, constituée comme eux en démocratie et disposant d’une grande puissance maritime. Ils envoyèrent donc sur-le-champ des députés à Athènes pour négocier une alliance; les Éléens et les Mantinéens se joignirent à cette ambassade. Les Lacédémoniens s’empressèrent également d’envoyer aux Athéniens des ambassadeurs qu’ils croyaient devoir leur être agréables, Philocaridas, Léon et Endios; car ils craignaient que les Athéniens irrités ne contractassent alliance avec les Argiens. Ils voulaient aussi réclamer la restitution de Pylos, en échange de Panacton, et démontrer que leur alliance avec les Béotiens ne couvrait aucun mauvais dessein contre Athènes.

XLV. Quand ils eurent exposé ces divers objets de

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leur mission dans le sénat, et déclaré qu’ils venaient munis de pleins pouvoirs pour régler toutes les difficultés, Alcibiade craignit qu’en renouvelant les mêmes déclarations devant le peuple, ils n’entraînassent la multitude et ne fissent rejeter l’alliance d’Argos. Voici le piège qu’il leur tendit : il leur persuade, en leur donnant des assurances positives, que, s’ils ne déclarent pas devant le peuple qu’ils sont munis de pleins pouvoirs, il leur fera rendre Pylos; qu’il y décidera les Athéniens, tout aussi bien qu’il les en détourne maintenant, et qu’il arrangera tout le reste. Il voulait, par là, les détacher de Nicias; en même temps il espérait, en les décriant auprès du peuple, comme n’ayant que fausseté dans l'esprit, que duplicité dans le langage, obtenir par ce moyen l’alliance d’Athènes pour les Argiens, les Éléens et les Mantinéens; ce fut ce qui arriva. Lorsque les ambassadeurs parurent devant le peuple, et qu’aux questions qu’on leur fit ils ne répondirent plus, comme au sénat, qu’ils avaient de pleins pouvoirs, les Athéniens ne se continrent plus. Alcibiade alors attaqua les Lacédémoniens avec bien plus de force encore qu’auparavant, et se fit écouter avec faveur; déjà on se disposait à introduire immédiatement les Argiens et les autres ambassadeurs, pour contracter alliance, lorsqu’un tremblement de terre, survenu avant qu’il y eût rien d’arrêté[*](Si le tremblement de terre survenait au milieu d’une action déjà commencée, c’était au contraire un signe favorable.), fit ajourner l’assemblée.

XLVI. A l’assemblée suivante, Nicias, — tout abusé qu’il était par la déclaration des Lacédémoniens, qui s’étaient laissé abuser eux-mêmes jusqu’à nier leurs [*](* Si le tremblement de terre survenait au milieu d’une action déjà commencée, c’était au contraire un signe favorable.)

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pleins pouvoirs,—n’en prétendit pas moins que l’amitié des Lacédémoniens devait être préférée; qu’il fallait suspendre les négociations avec Argos, et députer de nouveau à Lacédémone, pour savoir ce qu’on y pensait. Il disait qu’Athènes étant dans une situation glorieuse, et Lacédémone humiliée, il convenait de différer la guerre; que le mieux pour les Athéniens, dans l’état prospère où se trouvaient leurs affaires, était de conserver leur bonheur le plus longtemps possible; tandis que, pour les Lacédémoniens qui étaient malheureux, c’était une bonne fortune que de courir au plus tôt les hasards. Il obtint qu’on enverrait une députation, dont il fit partie, pour enjoindre aux Lacédémoniens, si leurs intentions étaient droites, de rendre Panacton en bon état, ainsi qu’Amphipolis, et de renoncer à l’alliance des Béotiens,— à moins que ceux-ci n’accédassent au traité, — conformément à la clause qui ne permettait pas de contracter les uns sans les autres. Les ambassadeurs avaient ordre d’ajouter que les Athéniens auraient pu déjà, eux aussi, s’ils avaient voulu manquer à leur parole, admettre à leur alliance les Argiens; car ceux-ci étaient à Athènes dans ce but. Enfin on donna à Nicias et à ses collègues des instructions sur tous les autres griefs, et on les fit partir.

A leur arrivée, ils firent connaître les divers objets de leur mission, et finirent par déclarer que, si les Lacédémoniens ne renonçaient pas à l’alliance des Béotiens, dans le cas où ceux-ci. n’accéderaient pas au traité, Athènes, de son côté, ferait alliance avec les Argiens et leurs amis. Les Lacédémoniens répondirent qu’ils ne renonceraient pas à l’alliance des Béotiens : cette décision fut emportée par l’influence de l’éphore

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Xénarès et de ceux qui partageaient son opinion. Cependant on renouvela les serments, à la demande de Nicias. Il craignait de partir sans avoir absolument rien fait, et d’être en butte aux récriminations, ce qui arriva en effet, d’autant plus qu’il passait pour l’auteur du traité. A son retour, les Athéniens, apprenant qu’il n’avait rien obtenu à Lacédémone, s'irritèrent; et tout aussitôt, se croyant lésés, ils conclurent avec les Argiens et leurs alliés, qui se trouvaient présents et qu’Alcibiade introduisit, un traité de pâix et d’alliance dont voici la teneur :